« Tu commences ta semaine dès ce soir. C'est-à-dire dans quelques heures. Si tu réussis ta semaine, tu as le job. Compris ? »

« Oui, bien sûr. Je vous remercie. »

Djamel avait passé sa journée dans cette pizzeria, qui est un drôle de bâtiment au passage, afin de se familiariser avec son nouveau lieu de travail. Sa petite sœur était venue avec lui, en tant qu’habituée des lieux, et profitait donc du fait que son frère ne soit jamais venu pour partager ses connaissances et ses avis. Aujourd’hui, c’était son premier jour, et donc sa première soirée en ces lieux. Toutes ces années à s’amuser sans réellement se préoccuper du reste, voilà où ça l’a mené. Ahhh … Il regrettait presque de s’être comporté comme un idiot de première catégorie, bien que s’il n’avait pas agit de la sorte jamais il n’aurait été à l’armée, séjour qu’il ne regrette nullement d’ailleurs. Le responsable lui avait fait visiter les différentes parties composant l’édifice, montré comment on se servait du système de sécurité et expliqué les diverses règles, lui dévoilant ainsi la démarche à suivre.

Ses horaires étaient les suivants : surveillance non-stop de minuit à six heures. Tchh … Voilà qui allait le dérégler dans ses heures de sommeil … Pourtant, il n’avait aucunement le choix. Il devait respecter ces horaires et rester éveillé. S’il avait su, sûrement aurait-il choisi un emploi plus … indulgent et à ses dispositions, mais il était trop tard. Il s’était engagé.

L’heure affichait vingt-trois heures cinquante cinq. Bien. Il était temps de se préparer, et c’est ce qu’il fit sans plus tarder, allant rapidement enfiler sa grotesque tenue, contraint de porter cette horreur. Soit. Cela faisait partie de ses engagements, à respecter donc. Mère était venue récupérer Maïlis, et lui souhaiter bon courage dans la foulée, il était donc seul dans cette immense pizzeria peuplée par les animatroniques. Djamel laissa échapper un soupire. Actuellement, il se trouvait dans la salle principale, là où il y a les nombreuses tables et chaises, et, exprimant une mine blasée, une main fourrée dans une de ses poches de pantalon, il errait dans les couloirs avec sa lampe torche. Son travail ne consistait pas seulement à surveiller des caméras, fort heureusement, et il privilégiait les promenades dans la pénombre dans le but de ne pas sombrer dans le sommeil.

« Tout se passe bien, là … Pareil par là. A quoi il sert ce job, sérieusement ? » pesta-t-il. « Qui irait voler des pizzas, des dessins et d'autres conneries de ce genre ? »

Il serait bien dans son lit, sur son ordinateur, le casque sur les oreilles, en ce moment même et non en train de cheminer en agitant une lampe torche. Aller, du nerf … Si tu es là, c’est bien pour remporter ton indépendance et faire plaisir à ta petite sœur … Rohhh, c’est parfois chiant de faire plaisir aux autres quand même. Dérivant le faisceau de lumière sur le décor, Djamel entrevit de nombreux dessins accrochés sur les murs et, sans doute gagné par une nostalgie soudaine, il les contempla minutieusement. Décidément, ces pizzerias étaient énormément appréciées, dotées d’une haute réputation … Dire qu’il ne sait pratiquement rien de ces édifices, ce qui s’avérait être préférable or dans le cas contraire il n’y aurait probablement jamais mis les pieds, cela va de soit, car il était à l’armée, contraint de supporter cette discipline qu’il exècre tant.

Peut-être aurait-il été un de ses enfants naïfs et enjoués qui tournent autour de leur mascotte favorite s’il avait connu ces bâtiments plus tôt.

Alors qu’il s’apprêtait à poursuivre sa route, voilà qu’une tonalité semblable à une porte qu’on ouvre et qu’on ferme retentit, lui arrachant un léger frisson. Il avait beau être un militaire, la paranoïa, celle que vous ressentez après avoir visionné un film d’horreur, sauf que dans le cas présent c’est dans un lieu sombre, peuplé d’animatroniques dont l’ombre se reflète sans crier garde devant vous, était involontaire. D’autant plus qu’il était censé être seul. Le gérant avait bien mentionné le fait qu’il était l’unique gardien de nuit pour le moment … Alors, d’où provenait ce bruit ? Qui était entré ? Aucune chance que se soit un coup de vent, mais s’il s’agissait bel et bien d’une personne ... QUI aurait l’audace, et la stupide idée, de cambrioler une pizzeria ?! Le jeune homme poussa un soupire et ne fit plus un geste, venant même à placer sa main devant le faisceau de lumière afin de l’étouffer.

Ainsi, il était aux aguets. Il attendit. Son regard tentait de percer les ténèbres dans l’espoir d’apercevoir le responsable de sa soudaine déconcentration dans son travail. Ahem. Rapidement, des bruits de pas résonnèrent, semblant se rapprocher peu à peu de sa position, mais ce qui interpella le militaire fut … le son en lui-même. Cela ressemblait à … des claquements métalliques.

«"-Hé Ho Y’a quelqu’un"»

Sitôt, Djamel libéra le faisceau de lumière de sa lampe torche et la dirigea vivement vers la source de cette voix. Féminine et … robotique. Tiens … Une animatronique activée par mégarde ? Il cilla, fit quelques pas en braquant la lumière devant lui, restant sur ses gardes, prêt à contre-attaquer, et lorsqu’il vit cette étrange silhouette non loin de lui, il se stoppa à une distance convenable. Qu’était-ce ?

« Affirmatif, il y a moi. Qui êtes vous ? » demanda-t-il sèchement. « Qui que vous soyez, il n’y a rien à voler, hormis des pizzas et des babioles, retournez d’où vous venez. »

Bien sûr, il ignorait à qui il avait à faire à cet instant ...

Il avait opté pour la prise de parole. Par ailleurs, ces propos lui avaient échappé, poussés par la défiance, dans l’espoir de refouler cette personne sans exercer un quelconque signe de malveillance. Si l’amabilité est une vertu que beaucoup possèdent, que dire sur les personnes dont l’aménité paraît semblable à une porte de prison ? Loin d‘être une personne désagréable, il se contentait simplement d’appliquer les règles non sans être ferme, parce-qu’effectivement, Djamel accordait un minimum d’importance à ce nouveau job qui lui permettrait sans doute de vivre et de s’occuper convenablement de son compagnon canin. Donc, il espérait que cette personne ne soit ni armée ni hostile, car lui n’était point armé. Malheureusement, il avait été contraint de délaisser ses armes qui sont habituellement toujours sur lui, quoiqu’il arrive, et inutile de vous cacher que s’il les avait en ce moment même … Ce n’est pas une lampe torche qu’il braquerait sur cet intrus, mais bel et bien le canon de son PA MAC à sept coups.

Lentement mais sûrement, le jeune gardien remonta le faisceau lumineux sur la personne. Déjà, ce qu’il pouvait entrevoir le surprenait. Ce n’était pas … humain. Donc, il s’agissait véritablement d’une animatronique ? Mais, qui l’aurait activé ? A moins que cela provienne d’un dysfonctionnement ? Rahh, il n’en savait rien ! Le gérant ne lui avait rien dis à ce sujet ! Cela étant, lorsque la torche illumina le visage de son interlocutrice, cela ne pouvait être qu’une femelle à en juger par la voix qu’il avait entendu et le anatomie, il retint un hoquet de stupéfaction et fit un pas en arrière. What the … Il cilla en abaissant faiblement sa lumière. Une animatronique ressemblant à une louve … avec une hache … ?! C’était bien trop … réel pour être une hallucination. D’autant plus qu’il n’avait pas fumé avant de commencer … Absorbé par ce phénomène, il fut cependant tiré de ses pensées en la voyant s’élancer sur lui en s’exclamant :

«"-Je suis quelqu'un, TU NA PAS LE DROIT DE ME DONNER DES ORDRE STUPIDE HUMAIN !!!" »

« Qu … ?! Khra ! » jura-t-il.

Djamel recula hâtivement, puis il eut le réflexe de se décaler sur le côté. Dans son mouvement, il perdit temporairement de vue son assaillante, et ce fut seulement lorsqu’il dirigea de nouveau son unique source de lumière vers elle qu’il la vit brandir sa hache. Lampe contre torche … C’est horriblement déloyal ! Comment pouvait-il se défendre avec ça ?! Surtout qu’il n’était point avantagé à cause de l’obscurité. Prêt à esquiver ou même à contrer malgré le manque de matériel, il attendit qu’elle assène ce coup mortel mais, à son grand soulagement, elle baissa son arme et il profita de cet instant pour reprendre une distance de sécurité. Qu’est-ce que c’était que ce bordel … ?! Il avait eu la peur de sa vie ! Seigneur dieu.

« "-Pff tu n’ais qu’un gamin !" »

Zieutant ce drôle de personnage, il soupira longuement, tentant de récupérer un rythme cardiaque plus ou moins stable. Ils ont des goûts bizarres ici … Sérieusement. C’est quoi cette animatronique ? Elle est jolie, voire magnifique et originale, c’est un fait, mais … Attends, attends … Elle l’a traité de gamin, là ? Lui ? S’il n’était pas aussi intrigué par ce phénomène plus qu’étrange, il aurait certainement cherché l’interrupteur principal pour éclairer cette sombre pièce et y voir plus clair, or il ne parvenait point à détacher son regard de cette créature par crainte qu’elle ne l’attaque de nouveau. Laissant échapper un sifflement d’irritation, il serra le poing.

« … C’est un gag c’est ça ? » Non. Il n’y croyait pas. Cela ne pouvait pas être la réalité. « Ralah Di Smouk ! Qui est le responsable de ce coup foireux ? » jura-t-il en arabe.

D’un geste fluide, il frappa du poing l’interrupteur qui se situait par chance à sa gauche. Les lumières clignotèrent puis illuminèrent la pièce jusqu’à présent engloutit dans les ténèbres, lui permettant ainsi d’observer l’animatronique présente. Le meilleur dans tout ça ? Il s’était fais gratuitement insulté par un robot ; stupide humain, gamin. Il approuvait le fait que la plupart des humains soient des abrutis nés, mais de là à le mettre dans le même panier … Cela ne lui plaisait pas. Deux affronts dans la même soirée. S’il met la main sur l’auteur de cette douteuse plaisanterie … Cet ou cette imbécile aura intérêt à courir vite. Très vite. On ne joue pas avec les nerfs d’un militaire désarmé.

« Bien … Toi. Tu es bien jolie, et tu as l’air bien sympa, mais j’ai horreur de ce genre de connerie. » souffla-t-il en relevant faiblement son couvre-chef. « Et sache que je suis loin d’être stupide, ou même un gamin comme ceux qui pullulent ici la journée. »

Inspire, expire, inspire … expire.

Tout va bien. Ce n’est qu’une farce de mauvais goût … De très mauvais goût qui plus. Heureusement que tu n’es pas cardiaque, Djamel, et que tu es habitué au pire. En l’espace de quelques secondes, son ennui s’était dissipé pour laisser place à son courroux, un sentiment qu’il devait plus ou moins éviter afin de ne pas sombrer dans son agressivité habituelle. Il souffla de nouveau, tentant de prendre sur lui bien que la difficulté était présente, et se massa la tempe de sa main libre comme si ce simple geste lui permettait de se calmer. Bien … L’auteur(e) de cette douteuse plaisanterie allait le payer très cher … Mais pour cela, il devait le ou la trouver. Quoiqu’en dise le gérant, c’est décidé ; la prochaine fois, il emmène John avec lui et prend ses armes. Flingue et couteau. Rien à battre. Sérieusement. Il lui serait arrivé quelque chose, qu’aurait-il répondu ? Oui, je me suis fait agresser et n’ayant aucune arme à ma disposition … Et bien, je me suis défendu avec ma lampe torche comme dans La nuit au musée. Quel poste occupiez-vous ? Gardien de nuit dans une pizzeria.

… M’ouais. Cela aurait pu être pire comme situation.

«"-Bon écoute ! Tu n’ais peut être pas ici par hasard et puis se n’ais pas une connerie, tues dans un lieu ou tu dois surveiller si personne vole des objets stupide et inutile, moi je ne suis pas la pour voler, mais faire peur au petit comme toi qui font que nous détruire ou nous nuire !! Alors si tes pas contente de cela casse toi !!"»

Djamel releva les yeux vers elle. La pièce étant éclairée comme si c’était en plein jour, il prit soin d’éteindre sa lampe, sachant maintenant à qui il avait à faire … Une animatronique, certes, mais bien particulière. Autant physiquement que mentalement. Du reste, le fait qu’un robot puisse se mouvoir sans difficultés, s’exprimer et donc détenir une personnalité propre le stupéfiait. En revanche, loin de douter de la technologie de cet édifice, le militaire arqua un sourcil en entendant les propos forts déplacés de son interlocutrice qui semblait perdre patience pour une raison inconnue. C’est bien ce qu’il disait plus tôt : quel imbécile irait voler des objets dans une pizzeria ? Bien évidemment, pour lui, c’était … purement et simplement stupide et sans intérêt. Bon, peut-être les animatroniques, mais bon courage à celui ou à celle qui voudra en emporter une. Aussi, que voulait-elle dire par « faire peur au petit comme toi qui font que nous détruire ou nous nuire » ?

« Ah non, je ne sais pas du tout ce que je fous ici. Tu as peut-être raison. » répondit-il sur une tonalité sarcastique en se frottant les yeux, posant son autre main sur sa hanche. Il marqua une pause et reprit plus sérieusement. « Non mais, je sais pourquoi je suis ici. Je ne suis pas con. » Pas à ce point du moins. « Et à ce que je sache … »

Il cessa de se frotter les yeux et lui lança un regard noir, peu enjoué par toute cette affaire qui commençait à l’irriter.

« Je ne sais pas de qui tu parles mais tu te goures de personne. Je viens à peine d’arriver, je ne connais strictement que dalle à cette pizzeria cheloue. Si je suis là, ce n’est pas pour le plaisir de perdre six heures de ma putain de vie. Alors avant de dire ce genre de conneries, apprends davantage sur la personne à qui tu t’adresses. »

Comment ça il n’est pas agréable ? … Ah ouais. Bah, ça ne change pas de l’ordinaire. Hum … Là, il commençait à devenir sceptique sur la question. Était-ce réellement une blague ? Ou dialoguait-il véritablement avec une mascotte ? Il aurait peut-être dû fumer vite fait avant de commencer, ça lui aurait mit les idées en place … ou pas. Oh et puis, pourquoi ne pas en tirer une maintenant ? Sur ces paroles, il farfouilla dans la poche intérieure de sa veste, sortit le paquet, tira une cigarette et la porta à ses lèvres. Fumer un peu détendra ses nerfs … Il demeura silencieux durant quelques secondes puis attrapa entre ses doigts le bord de son couvre-chef pour l’abaisser légèrement, geste militaire qualifiant le pardon.

« Navré. Je ne suis pas un exemple de l’amabilité. »

Il assumait sa colère ainsi que sa vulgarité. Là, il avait fait un effort pour paraître plus poli qu’il ne l’était naturellement ; il ne devait pas perdre ce qu’on lui avait apprit pendant un an.

Il s’était laissé emporter, irrité à l’idée qu’on le qualifie d’être stupide, qu’on le mette dans le même panier que tous ces incapables qui pullulent … et par-dessus tout qu’on lui enseigne le pourquoi du comment de sa présence dans cet édifice. Cela l’avait fortement irrité à tel point qu’il aurait été capable de lui sauter à la gorge, malgré son désarmement contrairement à elle. En revanche, il s’était remémoré les paroles de cette animatronique et il avait jugé judicieux de paraître … plus inoffensif qu’il ne l’était. C’était son tout premier jour, et provoquer un accident serait fort désastreux, mettant un terme à ses fins projets qui lui permettraient d’être libre. D’après ses dires, les humains ne feraient que les nuire et les détruire ? Mais, par quel moyen ? Comment ? Etait-ce pour cela qu’elle les attaquait à vue ? Djamel ne parvenait pas à assimiler quelques détails. Comment cette pizzeria fonctionnait-elle ? Si aucun petit délinquant n’était caché derrière cette mascarade …

Cela signifierait que les animatroniques seraient victimes d’un dysfonctionnement et qu’elles se déplaceraient d’elles-mêmes ? Les gérants, ne sont-ils guère au courant de tout ceci ? Tant d’interrogations traversaient l’esprit du militaire qui tentait en vain de trouver une explication plus ou moins logique … Les réponses, seule cette louve multicolore les détenait. Certains luminaires grésillaient au-dessus de leur tête tandis que de vagues sons lointains retentissaient, certainement des craquements provenant des arcades ou même de la surface des murs, des bruits communs à tous bâtiments, neufs et âges, qui se respectent. Djamel restait aux aguets bien que son regard dévisageait son interlocutrice, toujours rongé par cette défiance. Par ailleurs, elle était armée, et c’est ce détail qui l’empêchait de se détendre.

« "-Je vois si tu était comme eux tu m'aurais déjà tuer, c'est bien la première fois que je rencontre un Gardien assez différents des autres !"»

« Peut-être. Peut-être pas. Je ne sais pas. Je ne suis pas dans leur tête. » justifia t-il en toute logique avant de lever un sourcil, sceptique. Certes, il ne doutait pas du fait qu’il y ait des prédécesseurs, mais … « Dois-je comprendre qu’ils étaient … cons et malsains envers toi et tes amis ? Ce genre de type dont tu m’as pas parlé tout à l’heure ? » Il anticipait déjà la réponse. « Dans ce cas … » commença-t-il en désignant la hache de son doigt ganté. « Je présume que ton arme a déjà été souillée. »

Le jeune homme baissa ensuite son bras et replia ses doigts. Elle venait de poser sa hache au sol comme si elle avait renoncé à l’assaillir de nouveau, bien évidemment il n’allait pas s’en plaindre, et le plus étonnant fut le sourire qui s’afficha sur les babines de la louve. Il sourcilla. Quel drôle d’effet … Entrevoir un rictus identique à celui d’un humain étirer les commissures d’une animatronique canine l’avait ... fait frissonner pour une raison quelconque. Peut-être par un manque d’habitude. Enfin, soit dit en passant, jamais il n’avait vu son chien John, son meilleur ami, lui sourire, sa réaction était donc compréhensible, non ? ... M’enfin, passons.

« "-Bon tu a s'en doute raison, mon nom es Stella WolfHell et toi?"»

La tonalité de sa voix avait changé ; de la colère à la sérénité. Soufflant brièvement, le gardien s’avança de quelques pas, s’inclina en retirant son couvre-chef pour le porter sur son cœur, baissant donc la tête dans la foulée, un simple geste de politesse, de salue, et il se présenta enfin.

« Djamel. »

Il se redressa en remettant son képi sur sa tête, osa étirer un mince sourire et tendit ensuite la main vers elle. Puisqu’elle avait renoncé aux hostilités, autant faire de même et être amical.

« Mais, on m’appelle Isseï. Je suis arrivé aujourd’hui … et je t’avoue que je ne comprends pas tout. » Par là, il sous-entendait qu’il n’incorporait nullement ce mécanisme comprenant l’activation des androïdes en pleine nuit. « Ma petite sœur vient souvent ici, contrairement à moi, or elle ne m’a encore jamais parlé de ce genre de phénomène … Qu’es-tu exactement ? Ton déplacement est volontaire … » il marqua une pause et plissa un peu les yeux. « … Ou involontaire ? »

Assurément, ça l’intriguait et pas qu’un peu. Il va s’en dire qu’il redécouvrait le monde extérieur … dont la technologie et es lieux que fréquentent sa famille.

- Se type comme tu dit es pas comme les autres !

Hum … ? Djamal haussa un sourcil, incrédule …

- Mon arme? oui un peut !

C’est bien ce qu’il pensait; l’inverse l’aurait franchement étonné … Mais alors, ceci témoignait un cas tragique … Quand bien même il avait peu d’estime pour sa propre espèce, allant même jusqu’à regretter d’être humain, malgré ses différences et sa vision réaliste de ce monde, considérant que l’enfer était d’être sur Terre, Djamel déplorait ses malheureux prédécesseurs … Ont-ils perdu la vie lors d’une nuit comme celle-ci ? Massacrés par ces mascottes ambulantes ? Oui, car il ne doutait point de leur effectif … Et, au vu des circonstances actuelles, une telle possibilité se révélerait véridique … Que diable ! Comment un tel fait pouvait se produire dans l’enceinte de ces établissements sans que personne ne dise rien ?! Cette pensée lui trottait continuellement dans son humble cervelle … Pendant un court laps de temps, il scruta la hache de cette animatronique insolite … Le fait qu’elle soit armée et pas lui le perturbait; en effet, cette critique atmosphère menaçant de crouler ne dépendait que de lui. Si par malheur ses propos ne sont pas modérés et ajustés … Je suppose qu’il est vain de vous annoncer les potentielles conséquences de ses méfaits verbaux. Bref. Pour l’heure, le dialogue était considéré comme civil alors, continuons sur ce bon déroulement.

Les présentations avaient été faites. À présent, il était temps de soutirer des réponses à ses interrogations. Quand il eut terminé son monologue mêlé de questions, il fit preuve de patience. Le militaire redressa le regard vers le faciès de son interlocutrice en attendant ses répliques. Ses yeux vairons s’étaient entièrement habitués à l’éclairage des luminaires. En revanche, son corps commençait à s’exaspérer : demeurer d'aplomb, figé, au beau milieu d’une pièce, sans adrénaline ne lui plaisait guère. Un soupir s’apparentant bien plus à un ronflement las lui échappa … Une mimique parmi tant d’autres, chez lui. Son appui permuta sur sa jambe droite.

"-Arrivé aujourd'hui? ta une petite sœur? c'est mignon..."

Mignon … ? Oh … Oui, on peut effectivement voir les choses de cette manière. Il se contenta de hausser les épaules.

"-Je suis une animatronic en bonne état si on peut dire cela comme cela, je suis arriver il y a quelques jours !"

Elle répondait partiellement à sa question. Il s’agissait donc d’une animatronique récente … Soit. Cela se voyait. En revanche, sa physionomie ne correspondait aucunement avec ce milieu … N’est-ce pas des animatroniques Gold qui peuplent cet édifice ? Par ailleurs, le jeune homme ne connaissait que brièvement les deux principales mascottes …

« Je vois, je vois … Tu es récente … Mais, ma vraie question concerne ton mécanisme. Comment peux-tu fonctionner alors que tu es censée être désactivée ? Comment … enfin … Je n’arrive pas à comprendre … C’est une angoisse. » Il gronda faiblement et se massa la tempe. « Si ça ne te dérange pas, est-ce qu’on peut s’asseoir ? » Il lui demandait tout de même. Par affabilité. Il l'invitait à s'installer.