La neige avait lentement disparue des jeux de la grande air extérieure, s’évanouissant dans les herbes en n'y laissant qu'une rosée éphémère, son plus grand vestige restant le froid du petit jour. Ce matin ne semblait pas y faire exception. Le brouillard recouvrait le playground à l’allure fantomatique et le léger courant d’air froid animait une ou deux balançoires à ses côtés, sans qu’il n’y prête une quelconque attention.

Une lueur chaleureuse dans la semi-obscurité perça l’espace d’un court instant cette atmosphère angoissante. Le temps de tirer une latte sur sa cigarette, laissant la fumée caresser les parois de sa bouche et descendre dans sa gorge, pour la recracher doucement quelques instants plus tard.

Bientôt balayer à son tour par la brise qui le fit frissonner, le gardien poussa doucement sur ses talons pour se balancer, détournant de ce froid qui mordait à travers ses habits. Assis sur cette balançoire, à côté des deux autres qui au rythme d’une grande pendule, bougeaient dans le vide. Il faisait froid, mais il ne pouvait fumer en intérieur.

C’était rare qu’on le prenne avec une cigarette entre les doigts, mais il arrivait des fois où ça l’aidait à se calmer. Ou même à réfléchir. De sa propre main, il détruisait son corps, alors un peu plus un peu moins... Cela ne se verrait pas tant que ça, pas vrai ?

Il se fondait dans le décor, pour tout dire. Hormis la lumière de sa cigarette, ses vêtements étaient composés de couleurs plutôt sombres et en teinte de gris, recouverts de la tête aux pieds. Bonnet, écharpe, gants. Une veste avec un simple haut unie, accompagné d’un jean et de lourdes bottes. L’heure de la fin de son service était arrivé et il allait être remplacé par un collègue, aussi avait-il eu le temps de se changer avant de venir ici.

En prenant un petit élan, le gardien se redressa sur ses jambes engourdies et tapa un instant des pieds pour les réveiller, ignorant l’étrange douleur qu’elles procuraient pour s’avancer vers le cendrier public de la zone. Il y éteignit sa cigarette, mais au même instant, un bruit dans son dos l’alarma quelque peu.

Jeremy se redressa et retourna sa tête vers la porte de service, s’avançant de quelques pas silencieux vers celles-ci. Il vit avec quelques difficultés à travers la brume, essuyant rapidement sa banderole. Du coin de l’œil, le gardien distingua enfin une silhouette qui le fit indéniablement sursauter, détournant son attention vers celle-ci en retenant un soupir.

« B-Bonjour. »

Mon dieu, il ne lui disait absolument rien. Un étranger au service ? Il n’espérait pas.

Il faisait froid, il faisait sombre. Le soleil, timide, n'avait encore pointé le bout de son nez laissant la lune s'occuper du monde. Les jours commençaient plus tôt, à l'approche de l'été l'astre du jour se faisait peu-être moins pudique? Cette nuit n'avait pas était des plus reposantes pour le jeune homme revenant de son séjour à l'hospice. Ses mains s'étaient glissés dans ses poches et il avançait d'un pas calme, presque trainant. Encore une fois il n'avait pas revêtit sa tenue professionnel, il ne s'y sentait pas encore prêt, trop de mauvais souvenirs. Ses doigts glissèrent sur la poignet de la porte donnant lieu sur l'éxterieur, elle grinça puis s'ouvrit. L'air était frais, presque piquant. Le bruit du au balancement des balançoires était reposant, une ombre s'y tenait, fumant. Lorsqu'Alexandre aperçut pour la première fois la pointe rougeâtre de la cigarette il eu cru voir un scintiller les yeux d'un robot, mais son imagination au bords de la paranoia lui jouait des tours. Malgré l'épaisse brume il put apercevoir un homme, éclairer par la lumière temporaire. La silhouette se mouva et s'approcha, elle était petite...Enfin, elle faisait sa taille. Une femme? Non elle n'en n'avait pas les formes. Un homme alors? Un homme de sa taille? Lui qui croyait être seul au monde...L'autre en face de lui sembla sursauter quand il l'aperçu. Il ne semblait pas bien costaud, enfin vous m'direz les apparences sont trompeuse. Alexandre par exemple était relativement petit, relativement petit et aussi fin. D'apparence oui. Des années à l'armés et aussi de sport l'avait musclé et il n'était pas un faible gaillard.

"B-Bonjour."

Une voix tremblante, une attitude peureuse...Il ne semblait pas être une forte tête. Le jeune gardien lui avait un visage froid et impassible il avait constamment l'air de s'ennuyer...Où d'être fatigué? Il avait l'air...Done with life's shit. Bref, ses yeux gris-bleu croisèrent l'étrange inconnu avec un haussement de sourcil...C'était quoi cet écran devant son visage? Hn, il avait déjà un surnom pour lui.

"Salut, Alexandre Clyde."

Il supposait que l'autre travaillait aussi ici et se présenta...Toujours avec autant de délicatesse et de bonne humeur...Ah sarcasme quand tu nous tien.

Son air ne lui disait absolument rien qui vaille. Le visage fermé, le regard froid, il se tenait droit et se voulait imposant. Une agressivité certaine ressortait de la personne en face de lui et plus que sensible à cette sensation, Jeremy sentit des sueurs froides courir sur la surface de son dos, plus douloureuses encore que ses frissons face à la brise fraîche.

Il lui rappelait une personne. Une personne qu’il aurait aimé voir disparaître de sa mémoire, de ses pensées et de sa vie, mais au contraire, elle venait le hanter à cet instant parfait. A l’instant où il avait mis un pied dans le périmètre de cet homme, il avait l’impression qu’il s’était déjà condamné lui-même.

Il eut un haussement de sourcil, pourtant impassible, en l’observant de haut en bas, plus précisément son visage. Il avait incroyablement pâli – plus que ce n’était même possible, en l’espace de quelques secondes. Son écran lui-même exprimant parfaitement son état par trois points de suspension.
Il n’arrivait plus a correctement réfléchir, tout ce qu’il souhaitait en cet instant, c’était par tout les dieux ne pas se mettre à trembler.

L’homme se présenta sous le nom d’Alexandre Clyde. Presto, le second gardien eut un léger froncement de sourcil, le nom semblant lui sauter aux yeux. Il l’avait déjà vu quelque part... En arrivant, dans la liste du personnel, il devait être parmi ses collègues. Pas celle de sa pizzaria, vu qu’il connaissait par cœur les noms de son équipe, mais d’une autre peut-être.
Un de Mike ? Pourvu que ça soit le cas.

Prenant son courage à deux mains, il se présenta à son tour, ignorant parfaitement les battements de son cœur affolé. Ne pas céder au stress.

« J-Jeremy... F-Fitzgerald. »

Il n’était pas question qu’il essaye de sourire. Pour quoi, montrer qu’il était plus à l’aise qu’un poisson hors de l’eau ? Certainement pas. Le châtain s’était déjà bien assez enfoncé comme ça en bloquant sur ses mots.
Et ce n’était pas fini.

Afin de chasser ce silence pesant, il tenta tant bien que mal une conversation, sa foi, pas glorieuse, mais c’était mieux que rien.

« V-Vous... Vous travaillez ici... Je suppose. D-Dans quelle... Dans quelle pizzaria ? »

Le goût de la cigarette encore sur la langue, le gardien reprit une inspiration et détourna légèrement la tête, tout en gardant un œil sur son interlocuteur.

« Il ne me semble p-pas... vous avoir vu, avant. »

Silence. Long silence bien gainant comme on les aimes. Alexandre avait croiser les bras, ok...Le visage de l'homme face à lui était livide, quoi? Il avait un truc sur le visage ou peu-être...Alexandre se retourna d'une manière vive pour regarder par dessus son épaule...Nan, apparemment, pas d'animatronic. Ce con venait de lui faire des putains de sueurs froides. Toutes fois il commença à nouveau à le fixer sans rien dire.

"J-Jeremy... F-Fitzgerald."

Ah bah enfin. Eh, c'était quoi cette voix tremblante? Nan c'était quoi son problème franchement? Il était sois très malade, sois Alexandre faisait très peur, sois il avait de gros problèmes sociales sérieusement...Au même titre que lui mais dans le sens inverse. Pas agressif, une putain de flipette.

"V-Vous... Vous travaillez ici... Je suppose. D-Dans quelle... Dans quelle pizzaria ?...Il ne me semble p-pas... vous avoir vu, avant."

Alexandre observa le dénommé Jeremy fuir son regard et répondit.

"Ah bah bordel robocop, j'pensait pas que tu l'ouvrirait."

Je vous avais dit que ce mec avait quelques problèmes sociales...Awkward, dans son genre. Il avait de bonnes raisons d'éviter les gens.

"Je travaille à la Fazbear family fuck. Et oui je suis nouveau...Enfin, sans compter les sept mois d’absence à cause d'un légère accident."

Ro... Robocop ? Avait-il seulement bien entendu. Oui, il avait non seulement entendu robocop mais pire encore, la remarque de son collègue. Ne sachant que dire et surtout plus gêné, si c’était possible, qu’auparavant, le gardien fut contraint de continuer à éviter son regard et baissa quelque peu la tête, son visage retrouvant quelques couleurs qui ne furent qu’au final des rougissements de honte.

La suite ne fut pas mieux. Family fuck ? Il voulait certainement désigner la family diner. En le réalisant, Jeremy retient une inspiration et un tremblement, s’armant de tout son courage pour redresser l’échine et faire semblant de regarder vers l’homme en face de lui. Il était nouveau... Nouveau comment ?

Pas si nouveau que ça. Sept mois d’absence a cause d’un... accident ? Les sourcils du châtain se haussèrent et c’est un peu moins intimidé qu’il prit un temps pour se faire réflexion. Ce n’était pas une très bonne idée de lui demander mais il n’avait aucun sujet de conversation autrement. Puisse qu’il le mentionnait d’ailleurs, cela ne devait pas le déranger d’en parler.

Car aussi loin qu’il puisse se rappeler, lui n’avait jamais mentionné son accident, a personne. Ou plutôt ses accidents.

Il retint un soupir.

« U-Un accident ? Je... Je suis désolé pour vous. » commença-t-il avec un ton toujours doux.

La compassion avait toujours été quelque chose de spontané et très présent chez lui. Allez savoir comment, mais dans tout les cas, il comprit que cet homme n’avait pas eu la vie facile.

« C-Comment cela se... fait-il ? »

Oh, il avait bien déjà vu des accidents dans les pizzarias, mais celui-ci était encore récent, surement l’avait-il jamais entendu mentionner nul part.